Holy Two & Benjamin Siksou aux 3 Baudets, live report

 

Il fait froid et et il fait nuit sur Paris. Il est temps d’aller se réchauffer dans le cocon des fauteuils rouges des 3 Baudets  pour découvrir Holy Two, un duo Lyonnais qui fait beaucoup parler d’eux, et revoir Benjamin Siksou qui officie pour la dernière fois (après 4 concerts bien remplis) dans cette salle de concert.  

Comme il est d’usage maintenant aux 3 Baudets, une première partie ouvre pour une trentaine de minutes et ce soir c’est une chanteuse prénommée Valhère qui nous fait découvrir son répertoire. Comme elle l’annonce elle-même en préambule, elle va nous présenter en avant-première cinq titres, en version acoustique, de son nouveau projet, « XII Chants ». Elle précise que sa formation originelle est en  quatuor, dont les répétitions ont commencé début janvier. Son album en préparation a été composé avec Jean-Paul Roy (ex Noir Désir) et Vincent Bosler (The Hyènes).

 

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Dès les premières secondes, on devine que Valhère n’est pas une débutante dans le métier. Elle parle avec assurance, impose une forte personnalité, et a du bagout à revendre. Elle s'accapare cette scène sans chichis et la prend à bras le corps. Son répertoire, c’est la chanson française, celle des post soixante-huitard, qui arbore fièrement sa filiation avec les Leo Ferré, les Brel ou des auteurs comme Kerouac, dont une de ses chansons est inspiré. Son interprétation est sans fioriture, entière et s’accorde parfaitement avec le minimalisme de sa guitare acoustique. 

Ses chansons parlent d’histoires vraies, entre poésie et noirceur, mélancolie et rage, qui affleure tantot la douceur, tantôt une hargne rock et écorchée vive. Entre 2 chansons, Valhère partage avec nous les histoires qui ont donné naissance à ces compositions. Le public, qui va de 7 à 77 ans, écoute avec respect ce répertoire  dense et qui sort des sentiers battus de la musique actuelle. J’ai un peu de mal en à peine 30 minutes à plonger dans cet univers si introspectif, mais j’apprécie vraiment ce partage musical sincère et authentique. Cela dit 30 minutes ca reste court et c'est toujours un peu frustrant de ne pouvoir rentrer dans l'univers d'une artiste qui mériterait plus d'attention. 

Retrouvez les photos du concert  ICI. 

 

Plus d'infos sur Valhère, sur son site officiel : http://www.valhere.org/ et sa page Facebook : https://www.facebook.com/valhere.valhere

 

      

 

C’est au tour d’Holy Two d’installer ses instruments sur scène. On les sent intimidés par cette scène parisienne qu’ils abordent pour la première fois. Elodie est aux claviers et au chant, et Hadrien officie à la guitare electrique, au chant également et mixe les sons sur son computer. Ce duo, plutôt jeune (ils n'ont pas 40 ans à eux deux), vient de Lyon pour faire découvrir sa musique aux Parisiens venus en curieux. J’avoue avoir écouté en boucle les titres de leur premier album, très réussi, qui vient à peine de sortir. Ils sont également finalistes du Prix Ricard Live cette année. Un garçon, une fille, dont on attend un Live prometteur.

 

 

 

Leur concert s'ouvre sur un riff long et profond de la guitare d’Hadrien, rejoint en douceur par le clavier d’Elodie, qui nous invite à découvrir leur univers tout en nuances subtiles. Très vite, on est happé par la voix rauque, presque rappée par moments d’Elodie qui vous scotche dans votre fauteuil. Celle d’Hadrien plus aigue et plus douce fait deviner la complémentarité vocale évidente et l’harmonie naturelle du duo (à la scène comme à la ville). Il y a aussi ces sonorités electro saccadées, hypnotiques glissant vers une new-wave très actuelle, tissées de beats hip hop, enrobées de riffs lancinants et prenants. Malgré une présence minimaliste sur scène, on ne peut qu’accrocher à cette musique pleine d’inventivité sonore, qui utilise à bon escient des nappes de synthétiseurs et des (g)riff(e)s de guitares électriques. 

Leur musique procède par vagues, plus ou moins intenses et répétées, dans une ambiance aérienne et transcendée comme Anormal Animal, ou dansante comme Wild nights. Il y a de jolies surprises comme La Tal, chanté en espagnol et des moments de mélancolie comme le titre The Basement. Parfois, on atteint une sorte de communion spirituelo-musicale, qui nous conduisent vers une transe musicale où on se love avec plaisir. A peine peut on leur reprocher un déploiement de musique synthétique assez contrôlé qui frôle trop peu les sensations organiquesHoly Two est un groupe à facettes qui expérimente, mélange habilement des sonorités pop et électro savamment dosées. 

Le public (nombreux) parisien découvre les yeux émerveillés les titres de leur album 9 titres autoproduit, et vibre crescendo au son de leur musique. Les cris émaillent leurs prestataions et l’applaudimètre grimpe. Ce qui fait aussi plaisir à voir c’est leur naturel, leur complicité, leur sincérité, quand ils remercient en chœur avec des regards surpris devant l’enthousiasme du public. Retrouvez les photos du concert sur notre page Flickr, ci-dessous. Je suis fan de leur version très personnelle et revisitée de « Litztomania » de Phoenix. Ce mélange de genres     musicaux ne peut que plaire et nous embarquer jusqu’au bout de la nuit. D’ailleurs, le public s’est trouvé fort dépourvu quand la fin du concert fût venu. Malgré les appels, et compte tenu du timing de la soirée, le public a été fort déçu de ne pas avoir eu de rappel tant attendu.  En tout cas, cela augure du meilleur pour Holy Two qui a toute la fougue et le talent nécessaire pour accueillir un plus large public. C’est vraiment tout le mal qu’on leur souhaite. 

Le premier album d'HOLY TWO est disponible sur les plateformes de téléchargement légales. 

 

 

Set list:
Intro
The Basement
Rush
Lisztomania (cover Phoenix)
Anormal Animal
La Tal
Of Water And Bones
Wild Nights 

Plus d'infos sur Holy Two sur leur page Facebook : 

https://www.facebook.com/holytwomusic et leur page Bandcamp : 

https://holytwo.bandcamp.com/.

 

Le lourd rideau rouge  ferme la scène pour la préparation du groupe de Benjamin Siksou. Je dis à dessein groupe, car ce sont les mêmes musiciens qui accompagnent Benjamin Siksou, depuis leur début aux 3 Baudets : le bassiste Aurélien Barbolosi, le batteur Martin Mayer et bien sur le petit nouveau qui s’est super bien intégré le guitariste Raoul Chichin. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comme la salle a bien été chauffée par Holy Two, c’est un public enthousiaste qui accueille le chanteur Benjamin Siksou. Il démarre directement par le titre « J’aurais du mal », celle-là même qu’il a fait découvrir sur le petit écran en décembre dernier dans un spécial Noël Nouvelle Star. Le public fait entendre sa voix, clappe des mains pendant la chanson, bref tout le monde est au taquet. Benjamin Siksou a bien compris que la température du concert était au plus haut et ce n’est pas pour lui déplaire bien au contraire. Du coup, on a l’impression que le titre est joué avec une dose de rythme et de fougue supplémentaire. 

     

Il enchaîne par le très groovissime « Indélébile » porté par la basse magique d’Aurélien Barbolosi et la rythmique affûtée de Martin Mayer. Ca chaloupe un max dans la salle ! Puis ma favorite et single « Défoule » déboule, avec la guitare lancinante de Raoul Chichin qui fait son petit effet. Une entrée en matière plus rapide qu’à l’accoutumée. Il ne peut pas s’empêcher de demander, comme à son habitude, s’il y a des fans de Gainsbourg dans la salle. Il lance sa petite devinette sur la chanson « L’homme à la tête de chou », qui est devenu sous sa plume « L’homme à la tête dans le cul ». Sans préjuger de l’origine de ce titre un peu bizarre, le public reste concentré pendant les chansons et  extériorise son plaisir à coup d’applaudissements nourris entre chaque titre.   

Vient ensuite une des chansons les plus anciennes de son répertoire comme il le précise et vérifie si quelqu’un s’en rappelle dans le public. Des mains se lèvent auquel il répond par un large sourire. Ce « Décor » rappelle avec une certaine nostalgie la folie de ces 2 concerts fous du Café de la danse en 2009. Comme le dit la chanson « la réalité le dépasse un peu » ! Quel chemin parcouru depuis… On redescend en douceur avec la jolie ballade « Etats d’âme ». Fin de la pause avec le bondissant « Radars » accompagné par le clap des mains des spectateurs. Visiblement ce titre est très apprécié et remporte un vif succès. Avec le titre « Rien ne presse », c’est le moment « blague » de la soirée. Benjamin Siksou fait remarquer que l’accoler à la précédente composition est un peu saugrenu, ce qui fait bien rire ses musiciens sur scène et la salle aussi… Surtout quand on connait le coté diesel de l’interprète …

L’occasion de donner un peu de rock’n roll attitude à Raoul Chichin. Le concert tire doucement vers la fin et on sent que l’ambiance devient électrique avec la chanson « Tombé du camion ».  Coté guitares, et dans l’interprétation également,  je prends ce titre comme un hommage à peine dissimulé aux compositions d’Alain Bashung, et ça fait vraiment du bien.  Il faut vraiment que je tire mon chapeau à Raoul Chichin qui donne vraiment au répertoire de Benjamin Siksou des arrangements subtils, éclatants et d’un rock élégant. C’est certainement ce qui lui sied le mieux. Le côté chanson française qui aurait pu être un écueil (entendez par là, un côté variétoche insupportable) devient une force quand il est mis en valeur avec de tels musiciens. 

Il est temps pour Benjamin Siksou de terminer le show. Mais pas avec n'importe quelle chanson. "Just know that I knew", l’ hymne de toute une génération de fans Siksouphiles, dont la vidéo éponyme sur Youtube avec un Benjamin à demi dévêtu, clope au bec a dépassé les 1 162 000 vues. Ce titre est attendu avec ferveur par les fans présent(e)s. Les chevaux sont maintenant lâchés sur scène : Raoul Chichin nous gratifie d’un solo aux petits oignons, Benjamin au top de sa forme, lâche des aigus bienvenus sur le refrain, entame un chœur endiablé mélangé aux cris d’un public qui n’est plus dans la retenue. Du grand Siksou. Qui en veut, qui partage et qui ambiance chaudement cette petite salle avec Martin Mayer et Aurélien Barbolosi (impérial) qui ne sont pas en reste…Bref, un Benjamin Siksou heureux de cette série de 5 concerts aux 3 Baudets et qui lâche « Merci à tous, c’était trop bien », traduction Siksouphile de « J’ai pris mon pied sur scène avec vous ». Comment partir des 3 Baudets après un tel concert chaud bouillant …

"Benjamin Siksou évolue". La promesse a été plus que tenue côté scène sans le moindre doute. Benjamin Siksou évoluerait-il aussi ... vers son premier album ? On aimerait tellement que ça se confirme aussi. L'année 2013 a été riche, en particulier avec le succès de son très beau projet personnel "Valises blues". 2014 est là, plein de promesses.... et son public impatient. Comme dit le dicton  "A la Saint Benjamin, le mauvais temps prend fin".

 

Retrouvez les photos du concert  ICI.

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