Weepers Circus et leur spectacle "N'importe où, hors du monde" aux 3 Baudets, live report

Avant toute chose, je dois faire mon mea culpa. Quand j’ai eu connaissance de la sortie du nouvel album de Weepers Circus, je ne savais pas qui ils étaient. Un petit détour sur internet  s’est donc imposé et j’ai découvert tout un univers musical décrit comme « de la chanson néo-réaliste ambiante. La musique est chaloupée, dansante, parfois désespérée ». Le groupe, né en 1997, est composé d’ Alexandre George (chant, guitare), Franck George (violoncelle, basse, chœurs), Eric Kaija Guerrier (guitare, chœurs) et Denis Leonhardt (clarinette, clarinette basse, saxophone soprano, chœurs), rejoints en 2002 par Alexandre "Goulec" Bertrand (batterie, percussions, chœurs).

Un groupe strasbourgeois qui se balade sur la scène musicale depuis près de 20 ans, a fait près de 800 dates, qui a sorti 8 albums, dont le dernier remonte à il y a 3 ans. Ils bénéficient d’un accompagnement local, via « Schiltigheim Culture », qui leur apporte un soutien fort sur la durée et qui leur permet de proposer aujourd’hui un nouvel album, vraiment osé, dans le monde frileux du zéro risque ambiant du PAF musical. C’est avant tout un concept contenant à la fois un album de chansons et un recueil de textes inédits, écrit par de nombreuses personnalités, et également un spectacle mis en scène par la pétulante Juliette. Enfin, chaque personnalité livre son intime interprétation du titre de l’album. Éric Kaija Guerrier, guitariste et l’une des quatre plumes du Weepers Circus explique « Pour des raisons de calendrier, nous ne sortirons pas d’album au même moment, nous n’avons pas pu mettre les deux choses en synergies. L’album arrivera avec le printemps. Le public schilikois aura la primeur du spectacle de l’album. ».

 

Coté personnalités, on reconnaitra le comédien Jean Rochefort, le scénariste, auteur et comédien Jean-Claude Carrière, l’auteur et interprète Jean Fauque, les auteurs, compositeurs et interprètes Cali et Eddy (La)gooyatsh, et parmi les moins connus mais non moins talentueux, l’ondiste Christine Ott, le tubiste François Thuillier, le Quatuor Florestan, le Grand Ensemble de la Méditerranée et la Fanfare en Pétard.

Une trentaine de textes ont été écrits par : l’ancien Premier ministre Michel Rocard, le scénariste, auteur et comédien Jean-Claude Carrière, le cinéaste Patrice Leconte, les auteurs, compositeurs et interprètes Juliette, Dominique A, Tania de Montaigne et Henri Loevenbruck, le philosophe Jean-Luc Nancy, l’historienne Marjolaine Boutet, le politologue Franck Frégosi, l’astrophysicien et poète Jean-Pierre Luminet, les journalistes Agnès Bonfillon, Gilles Médioni et Anne & Julien, les biographes François Bon etGilles Verlant, le pianiste et pilote de paramoteur Richard Lornac, les auteurs Marc Lévy, Maxime Chattam, Thierry Serfaty, Vincent Ravalec, Fatou Diome,Didier Daeninckx, Frédérique Deghelt, Steve Toltz, Mara Goyet, Hafid Aggoune,  Thierry Illouz,  Matthias Vincenot,  Jacques Goorma, Christiane Roederer etGabriel Schoettel. L’ouvrage est illustré par Tofdru.

 Certes, la liste est longue, mais elle donne la mesure des moyens et de la vitalité déployés par Weepers Circus pour proposer un album riche, novateur, inédit,  bref, une véritable révolution musicale dans l’univers du groupe.

Le titre de l’album "N'importe où, hors du monde" (BAZ Prod / L'Autre Distribution) est inspiré du poème « Anywhere out of the world » de Charles Baudelaire. Ce poème traite  de l’impossibilité pour le poète d’être ancré dans le réel.  

Le 6 octobre dernier, le groupe Weepers Circus a fait sa rentrée parisienne et a exposé le spectacle sur cette petite scène intimiste devant un public de fidèles.  

La première partie est assurée par le déjanté chanteur et guitariste Eddy (La)gooyatsh, qui délivre ses propres chansons avant d’être rejoint le temps de deux titres par les musiciens du Weepers Circus. Ce guitariste qui a officié  (écriture et arrangements) pendant longtemps pour de nombreux artistes (Camille, Awa Timbo, myPollux, Chet, Bertrand Louis), ou comme musicien dans plusieurs groupes nancéens poursuit sa propre  aventure musicale depuis 2002, seul avec sa guitare.

Il interprète un répertoire nourri de chansons françaises et issu principalement de son dernier opus paru en 2008 « Chaud ». Il est accompagné par le batteur des Weepers Circus. Il essaie de capter de l’attention, en distillant çà et là entre les chansons  des petites histoires pleines d’humour.  Le public adhère à ce côté « clown », ce qui s’avère un peu plus difficile pour les compositions. Il ne démérite pas pour autant et ouvre avec gaieté le spectacle du « Cirque des gens qui pleurent ».  Je ne pourrai pas vous détailler au mot ou à la note près ce spectacle (une page n’y suffirait pas), qui crée un environnement onirique, avec des visuels inspirants, et qui offre un écrin idéal aux nouvelles chansons de ce nouvel opus Weeperien.

 

Certes, il y a encore des rouages à peaufiner, une fluidité de certains dialogues à améliorer, mais l’essence et l’envie sont là. A coup sûr, Weepers Circus nous embarque dans  un sacré voyage, vers de nouveaux espaces éclectiques, voire intergalactiques et  fantasmagoriques, fuyant on ne sait quelle apocalypse urbaine, pourvu qu’ils se situent n’importe où... hors du monde ! Ils s’ouvrent à la pluralité des genres musicaux qu’ils soient rock, pop, jazz, oriental même ou électroniques, avec de très beaux arrangements. Ils vont au-delà de leur propre sphère musicale, pour proposer une mise en scène originale signée par la chanteuse Juliette, entre humour et candeur, rêves et réalité, douceur et âpreté. L’équipage du  Weepers Circus voyage avec facilité et bonne humeur dans ce vaisseau musical et entraîne le public dans son sillage. 

On décompte dès le début, comme pour les vols de fusée, avant d’explorer avec les musiciens et avant de découvrir un univers lumineux, porté par de très beaux visuels (en couleur ou en noir et blanc selon l’atmosphère). On y découvre un équipage un peu perdu, livré à lui-même et emmené par un commandant de bord charismatique, qui a des rêves despotiques et des envies mélancoliques. Chacun incarne un personnage qui se reconnaît aux costumes qu’ils portent.  Notamment, Eddy (La)gooyatsh qui incarne un dandy qui s’amuse sur le rapport hommes/femmes qu’il a été amené à rencontrer.  Entre les dialogues teintés d’humour décalé (« Mais où sont les hôtesses ?»), nous sommes invités à pénétrer leur univers artistique, emmené par les envolées d’une guitare électrique psychédélique (Led Zeppelin n’est pas loin), un piano aux notes électro-magiques, les arabesques du violoncelle, les solos inspirés d’une clarinette rock  et le rythme percutant et détonnant de la batterie.  

 

C’est une musique tricotée mains, qui est servie par des atmosphères sonores à la fois inédites et familières (des inspirations des années Dylan et Beatles), embellie par des créations vidéo de Christian Houllé, porté par des lumières féériques,  et sublimée par des textes originaux et une mise en scène théâtralisée mais désintellectualisée pour rester abordable à tout un chacun. Les Weepers Circus créent des moments d’émotion, et nouent à travers ce voyage improbable une vraie complicité avec le public. 

Ce n’est pas du grand spectacle, mais c’est du  spectacle innovant, vivant, tourné vers le ciel échappatoire au monde réel, qui expose  un éventail large des compositions originales du groupe et qui nous met en orbite de leur propre univers. Une nouvelle fois, avec le livre-album-spectacle  « N’importe où, hors du Monde »  Weepers Circus sort avec bonheur des sentiers battus et connus. C’est un pari osé, mais un pari réussi.

Vous pourrez visionner un diaporama du spectacle ci-dessous :

Weepers Circus est acuellement en tournée depuis Septembre, proposant simultanément leur précédent spectacle "Weepers à la Récré" et le nouvel album "N'importe où hors du monde".

En savoir plus sur Weepers Circus :  http://www.weeperscircus.com/index.php