P1190712

Vendredi 28 septembre. Zèbre de Belleville. La petite salle bellevilloise accueille la plus parisienne des chanteuses pianistes, Lise. Cette artiste a sorti un très bel album, appelé sobrement « Lise », disponible depuis Juin decette année (Label Cinq7) et qui est une petite pépite dans lequel le piano occupe la première place. Li se et le piano, c’est une conjugaison des mots et du chant évidente, où les mélodies s’envolent en toute liberté. Deux artistes qui ont collaboré avec elle, Mathias Malzieu (de Dyonisos) et Dominique A résument de très belle manière ce premier opus de Lise : 

« Lise est un piano vivant, ses doigts en sont les touches vibrantes. Sa voix d’oiseau en noir blanc est chahutée pas ses textes au lyrisme décalé. Lise carambole tranquillement une culture pianistique classique à une attitude ludique résolument rock’n’roll » Mathias Malzieu.  « C’est rare, mais ça arrive : certains disques se posent comme une évidence. Et ça, sans en mettre d’emblée plein la vue, se donner dès le début à la première oreille pressée qui passe à portée. Le premier album de Lise est de ceux-là. Ce disque est un petit coffre à trésors mélodiques et atmosphériques » Dominique A. 

lise

Cette première grande scène parisienne arrive à point nommé pour redécouvrir cette artiste particulière, après une résidence réussie au théâtre des Déchargeurs puis  avoir transcendé le théâtre Verdière aux Francofolies de la Rochelle cet été. 

Une fois n’est pas coutume, de jolies tables rondes illuminées avec des petites bougies sont installées devant la scène, comme dans un cabaret. Cette mise en place permet au public, qui arrive petit à petit, de 7 à 77 ans, de se restaurer avant le concert et de pouvoir être à l’aise pour  suivre tranquillement le spectacle qui va s’offrir à nous dans quelques instants.

Retrouvez les photos du concert sur ce lien : LAURA CAHEN 

P1190634
 

Auparavant, c’est une nouvelle venue dans le monde de la musique, Laura Cahen qui assure la première partie. Elle arrive toute timide sur scène avec sa guitare électrique, dans une petite robe rayée noire et blanc. Cette timidité va bientôt disparaître au profit d’une musique réjouissante, originale et décalée que nous propose Laura Cahen. Elle s’affirme et devient pétillante et malicieuse. Elle nous raconte de sacrées histoires tout en effectuant de jolies pirouettes musicales. Dans son univers coloré et pop-folk, on y rencontre des loups, on essuie une larme sur une rupture amoureuse et on se gargarise avec une adaptation osée et vraiment réussie d’un texte coquin de Colette Renard "Les nuits d'une demoiselle" 

Elle apprivoise admirablement bien la guitare (qu’elle soit acoustique, électrique ou guitare-lélé)  au profit de mélodies enjouées mais aussi mélancoliques. La voix de Laura Cahen est aussi surprenante qu’atypique, qui grimpe dans les aigus avec une facilité déconcertante et qui lui permet certaines prouesses vocales qu’on écoute avec énormément de plaisir. Les chansons de Laura Cahen sont écrites comme des petits bijoux d’orfèvrerie qu’on ne se lasse pas d’écouter jusqu’à la dernière note. Le public ne s’y trompe pas et offre des applaudissements nourris à cette jeune artiste. Il y a fort à parier que nous retrouverons bientôt sur scène cette jolie découverte que le blog suivra avec attention.

En savoir plus sur Laura Cahen sur  Myspace et sur Facebook 

Sur scène, le piano à queue trône tel un roi entouré de 3 miroirs sur pied. La présence de ces miroirs m’interpelle : « Le miroir renvoie une image fidèle (mais inversée) de la personne qui se regarde dedans ; il est donc chargé d'une forte connotation symbolique […] C'est aussi le symbole d'une porte, d'une limite vers un autre monde, particulièrement mis en valeur dans Alice au pays des merveilles. » dixit Wikipédia. Et justement apparaît Lise, au teint diaphane, rehaussé d’une coiffure de chignons et de macarons élaborés, dans une robe de laine noire qui se fond avec celui du clavier. Elle parait minuscule devant ce piano à queue demesuré. Elle arrive lentement vers lui dans un silence religieux. Sa posture au piano en impose. On s’attend à un concert de musique classique dans une salle de concert dédiée à l’origine aux artistes de  cirque. Le contraste est assez saisissant. La sobriété de la mise en scène n’aura d’égal que le virtuosité que va bientôt nous offrir Lise sur les touches noires et blanches.

Retrouvez les photos du concert sur ce lien :  LISE

 P1190771

Les premières notes retentissent, et à partir de ce moment, nous entrons dans le monde magique et intemporel de Lise. Comme l’a dit précédemment Mathias Malzieu. Lise est un piano vivant, elle fait corps avec son instrument et on ne distingue plus vraiment qui dirige le concert. Le concert de Lise se résume  tout simplement en des moments de grâce, d’instants privilégiés, de silences vibrants autant que de sonorités transfigurées par la voix de Lise. On est comme suspendu aux notes qu’elle diffuse, aux touches du piano qu’elle effleure, qu’elle malmène, qu’elle caresse. Elle n’hésite pas à rentrer dans les entrailles du piano, avec une sorte de pinceau pour y gratter les cordes, pour en sortir des sons graves, déroutants et grinçants. Elle utilise toute l’essence de son instrument au profit des chansons de son album qu’elle présente à son public ce soir.

Elle offre des moments musicaux intenses et intimes,  on se sent privilégiés de les découvrir et les partager avec cette jeune artiste sur cette scène du Zèbre. Elle instaure des moments de complicité avec son public entre chaque chanson, on la sent vraiment émue de faire cette première grande scène en tête d’affiche dans une ville qu’elle affectionne. Elle lui rendra un magnifique hommage musical, une vraie déclaration d’amour, à travers son titre «  Paris » où j’essuie furtivement une petite larme. Au moment de présenter le titre écrit par Dominique A, elle tient un discours vibrant sur les cadeaux qu’offre la vie quand on ne s’y attend pas et remercie mille fois cet auteur-compositeur-interprète de ce cadeau incroyable et inestimable.

Elle n’en mène pas large non plus quand elle interprète cette composition faite sur mesure pour elle, où on entend distinctement l’émotion qui l’étrangle au début de la chanson. Le moment fort du concert se révèle sur son époustouflante interprétation de « Le cycle, les mirages » (qui est l’endroit où elle habite) ou on est happé, transporté  puis renversé par les notes, les mots, les silences, où le temps suspend vraiment son vol …

 P1190698

Le concert de Lise, même si il est parsemé des chansons mélancoliques, de rêveries, de virtuosité artistique au piano, ce sont également des instants d’une vraie drôlerie ou Lise se transforme littéralement. A l'image de sa reprise rythmée et délurée de 50 Cents sur "Pimp" (voir la video ICI), ou encore quand elle déclare qu'elle a  "Le trac" sur scène.  Cheveux longs noir ébène lâchés  et déroulés sur l' épaule, une robe de soirée scintillante et le sourire aux lèvres, la voilà déguisée tour à tour en chanteuse de Jazz des années 50 puis en assistante du magicien Mathias Malzieu. La mise en scène avec le lapin rose affublé de lunettes noires qui tape sur son tambour est juste trop drôle.

Exit la sage Lise au piano et bonjour la chanteuse délurée qui donne la réplique au chanteur de Dysonisos. C’est un moment particulièrement savoureux. Le public est conquis et moi avec. Il lui fera savoir en lui réclamant pas un mais 3 rappels qu’elle exécutera radieuse, enfin délivrée que tout se soit si bien passé. Et ce n’est pas le titre « Dors » à la fin du concert qui nous endormira au contraire. Lise est bien une de ces artistes que l’on n’oublie pas et sur qui il faudra compter dans les mois à venir. Elle vient d’en faire la superbe démonstration sur la scène du Zèbre de Belleville.

P1190696

Setlist : Intro, Le bal des autos, Le trac, Truck for lovers, Where is my mind, Moonchild (inedit), Tourne, Le cycle, les mirages, Thinking of thinking, Pimp (reprise de 50 Cents), Paris, Ice Lady, Why don’t you do right ‘(reprise de Peggy Lee), La ballerine et le Magicien (avec Mathias Malzieu), Dors. 

En savoir plus sur Lise sur Facebook  et Myspace.

 

 

 

Retour à l'accueil