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Avec In the Canopy, tout a commencé par un concours. Celui du Tremplin Ricard Live qui m’a permis de découvrir ce groupe singulier lors de la session tournée par Rod Maurice à la Casserole. Tout est déjà en place : le nom, le lieu, le titre « Never Return » joué entre potes bien au chaud aux confins de cet hiver rigoureux 2012 qui nous poursuit encore un peu en ce mois de Mai 2013. Ce n’est pourtant pas à ce moment précis que j’ai succombé à la pop planante de In The Canopy. C’est surtout grâce au groupe Balinger (dont je suis une fan assidue) qui a eu la très bonne idée de les inviter en duo acoustique dans la petite salle du Dandy. La révélation Canopienne a lieu, elle a été magique, intense et à l’image de leur titre phare, « Ne jamais revenir » de leur musique.

 

Et c’est aussi  le problème. A chaque fois que je vais les revoir sur d’autres scènes (le Mama Kin, en acoustique, Le Réservoir en version électrique), le concert se termine toujours trop tôt pour moi. Telle une Cendrillon, je suis pourtant obligée de partir, avant la transformation du carrosse en citrouille canopienne. Pour faire court,  je ne suis pas arrivée à écouter un set en entier d’ITC. La frustration me gagne, d’autant plus que « Never Return » vient maintenant hanter mes nuits, quand je ne me réveille pas avec l’air sur le bout des lèvres le matin.

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Mettre fin à la frustration, découvrir enfin l’univers de la Canopée dans toute sa splendeur, et pouvoir absorber le temps d’un concert complet et entier la musique planante d’In the Canopy. Ce sera fait au Truskel ce 22 mai 2013."Qu’importe le flacon, pourvu qu'on ait l’ivresse !" disait Alfred de Musset. C’est bien comme cela qu’on pourrait définir un Live d’In the Canopy. Le flacon, c’est cette petite scène du Truskel qui a accueilli des grands noms du Rock et qui malgré son étroitesse, permet au public de communier au plus près du groupe. L'ivresse est apportée par les Canopies (comme ils se surnomment) qui s’installent comme à la maison, avec de petites loupiottes sur le pied de micro : Joachim Müllner  au chant et à la guitare,  Thomas Martinez  à la guitare et au chant –les deux têtes pensantes et auteurs compositeurs des chansons d’ITC-, rejoints par Erwan Karren à la guitare basse et aux chœurs, par  Thomas Chalindar à la batterie et enfin par Maxime Lunel (vêtu d'un Marcel qui lui va à ravir !) à la guitare et aux synthés. La profusion de guitares, de rythmes asymétriques, et d'harmonies vocales est un peu la marque de fabrique d’ITC. 

« In the attic », ouvre la voie et nous conduit doucement vers l’univers canopien auréolée de lumières rougissantes, qui accentuent les gestes de Joachim Müllner.Avec « Crystal Ball », je suis dans la découverte totale, et cette chanson me plait bien. Arrive ensuite, un de mes titres favoris entendus au Réservoir, « No Room for you », dont les rythmiques de Thomas Chalindar superposés aux percus d’Erwan Karren, sont immédiatement reconnaissables. On prend un bon bol d’énergie pour bien commencer le set. Joachim Müllner se met en rythme et se balance au son des guitares de Maxime Lunel et de Thomas Martinez. On embarque dans les cimes de la Canopée, d’autant plus que la magie vocale de Joachim commence à opérer et s’envole déjà dans les voix de têtes. Cette chanson est un peu convulsive, l’opération musico-hypnotique va crescendo et les têtes dodelinent dans le public. Je suis entrée de plain-pied dans l’univers entêtant de la Canopée. « Keeping an Eye » se révèle plus accessible et plus rock malgré les maracas agitées par Joachim Müllner. La multiplication des riffs guitaristiques, la répétition des refrains lancinants à l’envi révèle peu à peu la recette musicale canopienne, soutenue par la batterie percutante de Thomas Chalindar. Les pauses (les silences quoi) à l’intérieur du titre ne font qu’accentuer les choses.

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Tout semble se poser à l’intro « d’Underway » (le public parait plus dissipé et parle un peu beaucoup) mais cela n’arrête pas le flow de Joachim Müllner divinement accompagné par les chœurs de Thomas Martinez et le son lancinant des guitares. Cette jolie ballade fait un bien fou aux oreilles et donne une autre dimension à la musique d’ITC : plus aérienne, plus lyrique aussi.  D’ailleurs, le public paraît subjugué avant d’applaudir  la fin du titre. Malgré l’exiguïté du lieu, cela n’empêche pas Joachim Müllner d’entamer des pas de danse alors que la concentration est à son maximum du coté des guitaristes. Je dois avouer que le charme est un peu rompu pour moi avec la chanson « The Snailing Hour » dans laquelle je n’arrive pas à entrer et que je trouve un poil au-dessous des autres chansons.Je reprends le fil canopien avec le très très bon titre « NEW 6 », évoluant entre un rock progressif et une pop déjantée.

Sur ce titre, Joachim Müllner est joliment accompagné par la voix de Georgia Ives (prononcez Aïvz). On sent tout ce monde très à l’aise, puisque Georgia bouge, ondule, et fait des jeux de mains avec le chanteur. J’aime beaucoup cette composition qui rappelle une vraie influence esthétique et musicale issue de Grizzly Bear tant au niveau des harmonies, des guitares que de la rythmique. ITC a décidé aussi de venir avec de petits cadeaux ce soir et nous offre des inédits, qu’ils testent en Live pour notre plus grand bonheur comme « Break Out ». L’influence de la musique du groupe canadien Half Moon Run, se fait d’ailleurs largement sentir dans les inédits proposés ce soir. Ce qui n’est pas un défaut en soi. Joachim Müllner prend tout de même le temps de prendre la température du public (private joke) et s’amuse des petits cris de singe de Maxime Lunel.

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Vient –ENFIN- le titre qui hante mes journées et mes nuits, qui à mon sens définit ce que sait si bien faire ce groupe (revoir la session Scène de Bain ici) : « Never Return », dont le sens mélodique est juste imparable, incandescent, oû on est saisi par toute l’intensité de la voix limpide et féérique de Joachim Müllner qui vous emmene vers les cîmes canopiennes, d’où on ne voudrait jamais redescendre ! Jusqu’à présent, In The  Canopy nous a enchanté avec son univers pop-rock éthéré et bondissant, des sonorités planantes entre Jazz et pointes de Trip Hop… On mesure avec ce titre à quel point la Canopée est capable de nous tenir en haleine dans un rêve éveillé, avec une mélodie intemporelle et délicate, dont l’intensité émotionnelle qui vous transporte est juste sublime à écouter et à vivre.

Je ne vous le cache pas, j’ai un mal fou à redescendre après cette chanson, un peu comme si on me demandait de me jeter de la cime d’un arbre vers le sol. C’est pourtant un autre morceau de bravoure qui m’attends, avec le titre « The Light Through » ; je suis carrément suspendue au rythme effréné de la batterie de Thomas Chalindar, à la voix et au charisme sensuel de Joachim Müllner (mon Dieu cette sueur qui lui colle les cheveux au front). A ce moment précis, je me crois littéralement envoûtée (le mot n’est pas trop fort) dans une séance de vaudou musical transcendé par les diaboliques guitares de Thomas Martinez et Erwan Karren. Quand on croit que c’est fini, on repart à nouveau dans les transes canopiennes décomplexées par le synthé psychédélique de Maxime Lunel. 

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Les cris dans le public me font comprendre qu’on en a perdu quelques-uns  littéralement kidnappés par la voix de tête de Joachim Müllner. Le riff Hendrixien à moins qu’il ne soit emprunté à Radiohead de Thomas Martinez finit de m’achever. Près de 10 minutes de talent musical canopien déployé à toute volée ! Autant le dire de suite, tout le monde est cueilli par ce morceau de bravoure musicale. C’est pourtant la dernière chanson du groupe, qui croule sous la tonne des applaudissements du public du Truskel. Cette expérience scénique canopienne ne peut pas se terminer comme ça !

Le responsable du Truskel donne le feu vert pour un très joli rappel. In The Canopy revient au mode duo acoustique et nous propose pour terminer son set une reprise d’Elliott Smith, « Thirteen (Big Star) ». Joachim Müllner prend le temps de s’asseoir et s’accompagne d’un instrument à percussion original d’origine africaine (du Niger plus précisément), en forme de jarre ronde, dénommé « udu ». Cela démontre si ce n’était déjà pas le cas, que ITC a décidément de très bons goûts musicaux ! C’est donc tout en douceur acoustique et sur des percussions ecclectiques que nous nous acheminons vers la fin du concert.

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Ce live donne un très bon aperçu du répertoire des 2 opus à l’actif du groupe, le premier album de 7 titres « Live at Mille Club » (2011) et le plus récent un EP de 4 titres « Never return » (2012) qui reprend un titre original et 3 titres de l’album en version studio. Ce concert fait extrêmement du bien, donne une sorte de contentement qui efface les frustrations du quotidien, je me suis sentie portée tout du long et partie prenante à cette musique tissées d’harmonies vocales magnifiques et de mélodies intenses oscillant entre une pop psyché-planante et un rock syncopé riche en émotions.* Retrouvez les images du concert sur ce diaporama.

 

 Setlist :

1-In the Attic

2-Crystal Ball

3-No Room for you

4- Keeping An Eye

5-Underway

6- The Snailing Hour

*8-Break Out

9-Never Return

10- The Light Through

11- Thirteen

12- One, Two, Three, Four, Hands 

On ne saurait trop vous recommander d’assister aux concerts de ce groupe tendance, qui fait l’objet de jolies critiques de la blogosphère, et à raison ! Ils seront bientôt  en concert à Paris : le 1er juin au 114, le 18 juin à l’International, et fin Juin au Petit Bar/Quai de Valmy et au 59 Rivoli.

Toutes les dates sont disponibles sur : Le site Officiel : www.inthecanopy.fr/*La page Facebook : www.facebook.com/InTheCanopy*Et en écoute sur Soundcloud et Bandcamp.

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