Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

Je ne sais pas vous, mais moi, c’est avec une très grande impatience que j’attendais le retour de Pascale Picard dans l’Hexagone. Imaginez un peu. En 2008, quand elle débarque de son Québec natal (ou elle a vendu plus de 150.000 copies de son premier opus) en France, cette jeune Québécoise devient le carton musical de l’année avec son premier album  « Me, Myself and Us » (Universal). En quelques mois seulement, la protégée de Valéry Zeitoun (Président d’AZ/Universal à l’époque), et son Band font les plus grandes scènes parisiennes (La Cigale, Le Bataclan, l’Olympia), on entend que son tube « Gate 22 » partout en radio et en TV, elle squatte littéralement tous les festivals en Europe (Francofolies, Nyon, Le Poupet, …) et s’offre même le luxe d’assurer la première partie du concert de Sir Paul Mac Cartney pour le 400eme anniversaire de la ville de Québec.

On la compare alors à la star du moment, Alanis Morissette, on vante ses reprises d’anthologie  du titre « Glory Box » de Portishead, on est impressionné par son jeu de scène et son énergie débordante. Mais depuis 2009, Pascale Picard s’en est retourné au Québec, a sorti un autre album « Letter To No One », qui n’est pas sorti en France (qu’on peut se procurer uniquement en import), et revient en ce moment même avec un tout nouvel opus, « All Things Pass » (publié en 2014 au Québec chez Simone Records, et le 28 aout 2015 en France chez Zamora Productions). Il s’est tout de même écoulé plus de 6 années sans que la Québécoise ne revienne mettre un pied en France. Même si les réseaux sociaux permettent de se tenir informé de l’actualité d’un artiste, il ne permet pas toujours d’entretenir le fil ténu qu’il a avec son public surtout quand il s’éloigne plusieurs années durant. Comme on dit, loin des yeux, loin du cœur.

Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

C’est donc un retour modeste qu’opère la Québécoise, dans la petite salle de la Maroquinerie pour renouer les liens avec son public français avec lequel elle conservé des liens d’affection. Première surprise la salle, même si elle n’est pas sold-out, est remplie et c’est surtout un public d’anciens fans de la chanteuse qui est présent avec quelques personnes venues par curiosité (l’effet « Gate 22 » est encore bien présent dans les esprits). Avant de fouler cette scène parisienne, elle est précédée par un autre chanteur Québécois, Alex Nevsky, qui est un illustre inconnu pour le public français.

On pourrait croire qu’Alex Nevsky semble en passe de reproduire le précédent Pascale Picard de 2008 dans l’Hexagone. Il ne faut surtout pas se laisser berner par l'allure de ce jeune premier qui pour l’instant, se dresse devant nous tout seul avec sa guitare acoustique. Le jeune Alex Nevsky est devenu en l’espace de 2 ans l’artiste pop-rock incontournable au Québec. La sortie de son album « Himalaya mon amour » (qui s’est vendu à 60.000 copies) a été récompensé par 3 FELIX (l’équivalent de nos Victoires de la Musique en France), celui de l'interprète masculin de l'année, de l'album de l'année (pop) pour « Himalaya mon amour » ainsi que la chanson de l'année pour son titre « On leur a fait croire » au Gala de l'ADISQ 2014. Deux titres « On leur dira » et « Les coloriés » ont connu un énorme succès au Québec. Il a également été coach à l’émission « La Voix » (l’équivalent de « The Voice » en France).

Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

Feutre noir mou vissé sur la tête, les boucles encadrant son visage, une barbe savamment désordonnée, avec ses yeux bleus, Alex Nevsky a le regard franc et sincère. Ce qui frappe pourtant à prime abord ce ne sont pas ses chansons mais son personnage. Comme le sont la plupart des Québécois, il est affable. Il établit sans plus attendre une interaction volontiers humoristique avec le public qu’il prend à témoin de ses jeux de mots, quand il ne désigne pas directement dans l’assistance (et au premier rang, comme ça vous serez prévenu) une personne qui doit reprendre à la virgule près sa chanson ou donner le rythme au public. Il se fait un devoir de dire combien il a rêvé des jours durant de cet instant, de ce premier concert parisien et qu’il n’est pas déçu. Une fois que l’on dépasse cette première couche, qui tient plus à mon sens de vouloir cacher un certain trac,  on découvre le chanteur Alex Nevsky, et surtout sa très belle voix et son sens inné de la scène (il a un charisme certain et s’en sert très bien). Il fait découvrir au public parisien les titres de son album « Himalaya Mon Amour » qu’il sortira le 25 septembre en France. De l’étendard « Il vaut mieux vivre pauvre », au futur tube en puissance « On leur fait croire »,  du swinguant « Les Coloriés » au sublime « Himalaya Mon Amour », du surprenant « J’aurais des mains », à la belle ballade Folk « Koh Tao », et enfin la reprise culottée et réussie de « Suzanne » de Leonard Cohen, en français dans le texte (la version d’Alain Bashung, précisera-t-il), Alex Nevsky ne laisse vraiment pas indifférent. 

Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

Il a su tenir en haleine son premier public parisien, le cajoler, le faire participer activement, et finalement le séduire. Retenez bien son nom. Il est à parier qu’Alex Nevsky fasse bientôt de très belles vagues dans le paysage musical français. Il fait partie de cette jeune garde montante avec Arianne Moffatt, Damien Robitaille ou Louis-Jean Cormier, qui fait la pluie et le beau temps dans le paysage musical québécois. On lui souhaite le même succès sinon plus que sa consoeur Québecoise Pascale Picard il y a quelques années (parce qu’il n’y a pas que Céline Dion dans la vie). Il termine son set en étant très applaudi par l’assistance présente.

 

Alex Nevsky est actuellement en tournée en France :

24/09 | MONTREUIL - Le Truc

01/10 | DOLBEAU-MISTASSINI - Le Météore

10/10 | TIGERY - Le Silo

13/10 | LILLE - Festival Antra'Zik

14/10 | PARIS - Les 3 Baudets

23/10 | LAVAL - Église Sainte-Rose-de-Lima

 

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Déjà, Phil Morissette, le bassiste et Louis Fernandez, le guitariste s’affairent à mettre en place les connexions de leurs pédales d’effet. C’est maintenant au tour de Pascale Picard, dont l’arrivée bruisse dans la salle de la Maroquinerie. Quand elle monte sur scène, elle est ovationnée par les personnes présentes. Vous connaissez cette sensation d’avoir attendu si (trop) longtemps un membre de votre famille éloigné et quand il arrive, toute l’émotion que vous gardez en vous explose littéralement et sort de vous comme un concentré d’énergie pure que vous ne pouvez plus retenir. Les retrouvailles avec son public sont à la hauteur. C’est comme si on l’avait quitté hier. Elle a ce même visage poupin, ses tatouages reconnaissables entre 1000, ses grands yeux rieurs, cette allure de lutin, son sourire ravageur et bien sur cette énergie débordante qu’on lui connait. Vêtue d’un pantalon beige clair, et d’un tee-shirt noir, elle arbore une coupe au bol avec une frange du plus bel effet, et surtout Pascale Picard est RAY-ONNAN-TE ! Elle précise très vite qu’elle a longtemps attendu ce moment comme nous, qu’elle est heureuse que le public français ne l’ai pas oublié, et s’excuserait même presque d’être ici et d’être parvenu à nous rassembler ce soir. 

Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

Elle démarre son set par le titre « Haunted States », l’occasion de constater que la voix particulière de Pascale Picard est la même, avec autant d’intensité et de douceur qu’auparavant. Je trouve même qu’elle est plus affirmée, elle a gagné en maturité en grimpant dans les aigus plus naturellement. Une manière d’affirmer son penchant électrique avant le coté ballade. J’aime ce titre qui donne l’occasion à Louis Fernandez de faire cracher déjà les riffs de sa Gibson rouge écarlate. Elle continue sur ce penchant énergique avec cette fois-ci 2 titres de l’album « Me, Myself and Us », le très remuant « A While » qui n’a rien perdu de sa fougue et se rappelle au bon souvenir du public, et enfin les premières ballades Folk « Smiling » puis « Right Rhyme » (issu du second album ‘Letter to no one’) qui ramène un peu de douceur bienveillante dans ce début de concert. J’attendais d’entendre le single du nouvel album « Runaway » avec impatience, c’est chose faite. La version Live a autant de punch que la version studio et surtout son refrain entêtant fait son petit effet. Avec Marc Chartrain à la batterie, Louis Fernandez à la guitare électrique et Phil Morissette à la basse, on constate que Pascale Picard c’est surtout Pascale Picard Band. Tout est fluide et harmonieux, ils se connaissent comme les cinq doigts de la main, et leur complicité ressort de façon tellement évidente que ça fait plaisir à voir.

La prochaine « Blame it on me » apporte un vent de fraicheur avec ses accents et ses riffs très Beach Boys. Pascale Picard n’oublie pas entre deux titres d’entretenir la conversation avec le public, histoire de démontrer qu’elle est de retour et cette fois-ci bien revenue pour de bon. Elle a gardé son côté pipelette même quand il s’agit d’accorder sa guitare. Personne ne perd une miette et l’assistance lui fait savoir qu’il est attentif et heureux d’être avec elle. Avec la franchise et l’honnêteté qui la caractérisent, Pascale Picard explique ce qui a motivé l’écriture de son prochain titre « Hell is other people » (de l’album ‘Letter to no one’). Elle semble avoir vécu cette situation ce qui rend l’interprétation de cette chanson encore plus savoureuse et sarcastique. On est au milieu du set, si j’en crois la setlist qui est devant moi. Elle a gardé le meilleur pour la fin et annonce qu’elle va revenir au premier album qui l’a amené ici. D’abord « Thinking of It », un peu dans la même veine que « Blame it on me » puis la chanson « Paper Planes » ou elle s’essaie à un flow hip hop style qui détonne avec le reste de ses chansons. C’est d’ailleurs la seule incursion de Pascale Picard dans sa discographie pour un genre musical très différent et qu’elle affectionne. Cela déboussole un peu le public mais je trouve que c’est le seul moment du concert où justement on ne l’attend pas, qu’elle semble encore plus à son aise et contente de l’effet produit. 

Pascale Picard et Alex Nevsky à la Maroquinerie, live report et photos

Elle continue justement sur sa lancée en laissant tomber sa guitare acoustique pour s’approcher d’un clavier et elle surprend son monde. Elle interprète successivement la « Vie en Rose » d’Edith Piaf, « Chandelier » de Sia, et « What’s Up (What’s Going On) » des 4 Non Blondes. Le public un peu léthargique se réveille pour chanter ces immenses tubes avec elle. Il est grand temps pour le Pascale Picard Band d’interpréter les chansons que tout le monde attend. Elle est tellement au taquet qu’elle dit tout de go à une spectatrice qui l’apostrophe « La prochaine, j’en parle pas. J’en parle ? J’en parle pas … ». L’intro à la guitare suffit largement pour reconnaitre son succès incontournable « Gate 22 ». Instantanément l’assistance crie et reprends les paroles de la chanson et le fameux couplet « Here I am ». Le solo effectué par Louis Fernandez, appuyé par la basse de Phil Morissette et la batterie de Marc Chartrain me fait autant d’effet que lorsque je l’ai entendu pour la première fois lors de l’enregistrement de sa première émission de TV française (elle était alors totalement inconnue du grand public). Je me plonge alors avec une certaine délectation dans les souvenirs du Pascale Picard Band flamboyant des années 2008. Avec le titre « Annoying » (qui était et est toujours un de mes titres favoris de son premier album), je retrouve l’artiste pour laquelle j’ai eu un coup de cœur monstrueux il y a plus de 6 ans.

 

Cette chanson, c’est Pascale sans aucun filtre, la jeune fille de 18 ans qui bataillait il y a quelques années déjà pour qu’on l’écoute dans des petits bars au Québec. Elle prend d’ailleurs le soin de préciser à son public qu’il ne faut pas prendre la chanson au 1er degré pour lui. La rage est moins présente certes qu’à ses débuts mais la conviction et l’intention sont toujours là. Elle me touche toujours autant. Tout le groupe est à fond dedans et nous a concocté un petit arrangement bien à lui, qui déchaîne les cris du public. Enfin, Louis Fernandez peut lâcher les chevaux électriques de sa Gibson. C’est sur ce titre que Pascale Picard et ses acolytes se retirent de la scène (la chanteuse ayant bien pris soin au préalable de préparer sa sortie auprès du public). Le temps des rappels est venu. Tout d’abord le calme mais tout aussi prenant « Without you » histoire de faire retomber l’excitation du précédent titre, et l’épistolaire « Unconscious Liars » toute seule sur scène, éclairée d’un spot de lumière, avec sa guitare acoustique. Une écoute quasi religieuse du titre, quelquefois clairsemée de « You hou » du public. Pascale Picard est largement déconcentrée et aborde la chanson d’une manière très décontractée alors que le texte est très dramatique et fort. C’est d’ailleurs ce qu’il faut retenir du set de ce soir, qui a fait la part belle aux 3 albums de Pascale Picard, en essayant d’y trouver un subtil équilibre entre les anciennes très connues et les nouvelles pas encore apprises. Pascale Picard ne s’est JAMAIS départie tout au long du concert de son sourire, de sa bonne humeur, de faire des milliers de mimiques inimitables qui ont fait le bonheur des photographes présents (Poke Fred Petit). Oui, la chanteuse Pascale Picard s’en est donné à cœur joie (et nous avec), elle a goûté son bonheur de revenir sur la scène française, certes par la petite porte de la Maroquinerie, mais de revenir pour de bon et c’est tout ce qui compte.

 

Setlist : Haunted States – A While – Smiling - Right Rhyme – Runaway – When at the end - Blame it on me – Hell is Other People – Thinking of It – Paper Planes – Jam – Gate 22 – Annoying – Encore : Without You – Unconscious Liars

Pascale Picard est actuellement en tournée en France :

25/09 – Sannois (95) EMB (solo)

26/09 – Massy (91) Paul B (solo)

10/11 – Caen (14) BBC

21/11 – Alençon (61) La Luciole

03/12 – Toulouse (31) Metronium

12/12 – Lyon (69) Le Transbordeur

02/12 – Paris (75) Le Petit Bain

14/12 – Clermont (63) Coopérative de Mai

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