IGIT à la Boule Noire, live et photos report

IGIT faisait figure d'ovni (au même titre que Spleen) au télécrochet de l’émission THE VOICE saison 3. IGIT fait partie de ceux qui m’ont accroché l’oreille, non seulement par sa voix rocailleuse immédiatement identifiable, mais aussi  par sa musique Bluesy version autant anglophone que francophone, ses digressions dans la musique latine, ou encore sa faculté d'appropriation d'autres genres musicaux (on se souvient de sa réintérprétation de "Pauvres Diables " de Julio Iglesias !). IGIT est également une personnalité atypique et naturelle dans sa démarche, qui n’a aucune hypocrisie en expliquant que l’émission lui sert de tremplin. Il a la clairvoyance de savoir qu’il n’aurait pas forcément gagné le trophée convoité par certains. Gagner le cœur et les oreilles de nouveaux auditeurs, d'un public inabordable jusque là est beaucoup plus enviable. Tout en restant indépendant et libre de ses choix dans ses futures options artistiques.

Découvrir son univers musical (voir l’article consacré à la vidéo My Home) n’a fait que conforter tout le bien que je pensais du bonhomme. C’est donc avec empressement que je me suis rendue à la Boule Noire pour l’écouter en Live. Premier bon signe, le concert est SOLD OUT, IGIT ne ménage pas ses efforts sur les réseaux sociaux pour communiquer avec ses fans et son nouveau public qui le lui rend bien. C’est ce public qui est présent en masse ce soir-là qui paye pour voir.

Auparavant, Fred Woods officie en première partie d’IGIT pour chauffer le public présent. Je découvre Fred Woods pour la première fois sur scène. Fred Woods est un artiste québécois qui vient de Montréal. Il a publié en 2013 un premier album "Documenta" profondément ancré dans l’héritage du songwriting et teinté d’une atmosphère rock évoquant PJ Harvey ou encore Nick Cave.

Fred Wood sur scène se créé un monde très personnel, et déborde les limites du folk moderne que l'on connaît. Il brosse un univers ultra intimiste et mélancolique, cultive sa singularité avec une voix à la fois plaintive et d'une puissance toute contenue. On décèle une certaine fragilité, et pourtant sa voix envoûte et nous emmène dans une ambiance douce  proche d’une léthargie bienveillante. La douce mélodie de sa guitare acoustique enrobe ses envolées Folk vocales et nous tient en éveil sur un fil.

IGIT à la Boule Noire, live et photos report

Je suis tout à fait séduite par l'artiste qui se présente  au public parisien bien loin de ses contrées canadiennes, avec une timidité toute relative et beaucoup de musicalité dans son répertoire à revendre. Il y a fort à parier que nous le reverrons très vite sur d'autres scènes conséquentes que celles qu'il a déjà foulé comme la Flèche d'Or et le Divan du Monde à l'automne 2014.

Retrouvez des photos de son set sur notre page FlickR et une vidéo du concert ICI.

 

Plus d'infos sur Fred Woods sur : Bandcamp / Youtube / Facebook / Twitter

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IGIT à la Boule Noire, live et photos report

Quelques minutes plus tard, Antoine Barrau dit IGIT pointe le bout de son chapeau, accompagné à la contrebasse d’Hugo Zanghi et à la batterie de Paul Amboise.

Igit c’est avant tout une dégaine et une attitude : chapeau mou vissé sur la tête, costume noir trois pièces avec une chemise blanche immaculée, les pieds ancrés sur scène qui dévisage un par un les figures du public. Il reconnaît quelques têtes, décoche son sourire à ceux qu’il reconnaît et démarre son set.

Dans son concert à la Boule Noire, IGIT incarne plusieurs univers musicaux. En guise d’introduction, IGIT nous plonge dans les racines du Blues, avec le titre « Love is quiet thing ». Il pose ses mains avec délicatesse sur une très belle guitare Weissenborn, et les ambiances Bluesy américaines entre Ben Harper et John Butler Trio remontent jusqu’à nos oreilles. L’entrée se veut minimaliste à souhait mais déjà on entre de plain pied dans son univers musical familier et intime.

Sur le second titre « Like angels do », IGIT revient vers une chanson plus rythmée, tirée de son premier EP du même nom. Alors que la version sur l’EP propose une section cuivres et cordes, c’est une version plus électrique et minimaliste qui est proposée et qui balance tout aussi bien et se termine tout en douceur. Déjà les têtes du public dodelinent un peu. Jusqu’à présent IGIT nous fait partager un répertoire anglophone. Avec la chanson « Il ne pleut plus », il change de registre en interprétant une petite perle en français. Rythmée par un xylophone/clavier d'Hugo Zanghi et la batterie de Paul Amboise, IGIT nous raconte une histoire de pluies et de silences. On tend l'oreille vers le clavier qui reproduit les bruits de l’eau qui goutte, puis Igit attrape un parapluie et se met en scène comme s’il était seul à recevoir des gouttes de pluie dans l’enceinte de la Boule Noire. Je suis subjuguée par et sensible à ce tableau minimaliste mais rempli de symboles. Igit a pris soin de créer un univers mélancolique et touchant.

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Avec le titre « A long way home », IGIT revient aux basiques avec une contrebasse omniprésente, il revient au contact de ses musiciens en touchant leurs instruments. C’est surtout aussi l’occasion pour le public de bouger à nouveau sur cette chanson remplie de bonnes ondes et de bonnes énergies. Elle est assez Latine dans l’esprit et nous permet d’entendre un très bon solo de batterie. Sur "Don’t get me wrong", on regrette les chœurs de l’EP mais pas du tout la voix chaleureuse et rocailleuse de Igit sur cette chanson d’amour. J’aime ce rythme chaloupé qui nous embarque comme dans un bateau vers d’autres contrées. Le public reprend timidement le refrain. Même univers pour le titre « Millions cigarettes ». Igit prend le pouls du public en l’invitant à chanter avec lui tout en lui recommandant de ne pas faire ce qu’il chante. Cette composition est l’une des plus connues de son répertoire, et j’espère une réaction du public qui se révèle un peu amorphe depuis le début du show. Cette chanson aux accents un peu reggae a le pouvoir de faire rigoler son auditoire et de le faire participer sur le refrain sur la fin.

IGIT passe sans difficulté aucune d’un répertoire anglophone à un répertoire francophone. C’est cette fois–ci le tour de la chanson « Ces océans immenses » puis de la chanson « Courir » qui révèle qu’il est un très bon auteur. Ce sont deux superbes chansons qui révèlent l’hypersensibilité de leur interprète avec leurs paroles qui ne laissent pas indifférent. Emotion palpable et recueillement silencieux garantis. Sur le slow « Dance » à la guitare électrique, IGIT explique clairement qu’il espère un rapprochement entre les couples, ce soir ou ceux qui sont encore célibataires (il est vrai que les salles de concert permettent aussi de « pécho »). Rires du public. 

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Avant d’entamer le titre « Je suis libre », IGIT teste la température du public qui est plutôt sage et harangue son public « Vous êtes toujours là la Boule Noire, on veut vous entendre ! ». Cette fois-ci c’est la bonne, la Boule Noire sort de sa torpeur, et donne de la voix. Un beau moment de partage avec son public qui reprend le refrain à tue-tête. Je me surprends aussi à chanter les paroles, difficile de résister à sa force de conviction, cette envie quasi-indispensable pour Igit de jouer pour et avec les gens. Le concert décolle une bonne fois pour toutes. « Any sense at all » joué avec la Weissenborn donne un sacré coup de fouet et j’aime vraiment beaucoup ce coté groovy. Je suis hyperfan de cet instrument qui donne une ambiance  unique et originale qui permet une mixité des sonorités qu’on aimerait entendre plus souvent.

Tout comme, quand il prend un mégaphone pour entamer le très reconnaissable « Fever ». Cette chanson lui va comme un gant, on la croirait écrite sur mesure pour lui, comme elle l’a été pour celle qui l’a fait connaître, une certaine Peggy Lee. On se souvient comment il avait emballé le petit monde télévisuel en la reprenant lors du fameux télécrochet. Cette fois-ci c'est mille fois mieux. Ne serait que pour écouter le très beau solo de contrebasse puis de batterie, auxquel Igit glisse un petit morceau rappé qui donne à cette nouvelle version du sang neuf. Un vrai morceau de Live comme je les aime, je prends un pied terrible en l’écoutant. Succès garanti dans la salle !  

Il plaisante à la fin du titre et c’est bientôt la fin du concert, avec "Miss Missing you" en mode presque acoustique, et surtout le tubesque « My Home » avec lequel le public se lâche. Igit et ses musiciens donnent leur tripes  dans un jeu de lumières aveuglant. Ca tape des pieds et des mains au rythme de la batterie.  Quand on croit que c’est fini, Igit nous fait une divine surprise au rappel en descendant de scène avec ces musiciens pour une reprise a cappella et acoustique de la chanson « Viene se va » (une salsa qu’Igit s’est réapproprié à sa manière).

Ca me rappelle une belle version vidéo où il la chantait en 2008 avec la Communauté du Petit Monde. Ne jamais oublier qu’Igit s’est beaucoup produit dans les bars et dans la rue dans son quartier fétiche de Montmartre, qu'il en a gardé les réflexes. Ce retour aux sources est bienvenu et être au plus près de son public pour faire de ce concert un moment festif est un joli cadeau que chacun n’oubliera pas. C’est plutôt cet instant là que je préfère retenir du concert à la Boule Noire. Les mots simplicité, modestie, partage, générosité, fête ont eu un vrai sens ce soir là et ça fait tellement de bien de fermer les yeux et se laisser porter et enivrer dans les mondes imaginaires d’Igit.

IGIT à la Boule Noire, live et photos report

Pour retrouver les photos du concert à la Boule Noire, rendez-vous sur notre page Flick-R ci-dessous :

Depuis ce concert, l'actualité d'Igit s'est enrichie de plusieurs projets. Tout d'abord, Igit a sollicité ses fans pour un projet de Crowfunding pour financer son nouvel album (il a récolté plus de 14.000 Euros !) à la mi-décembre. Puis, il a investi un site de concert participatif en ligne qui lui permet de faire appel à ses fans pour financer les concerts et découvrir en avant première les titres de son nouvel album dans les 7 principales villes de province en France mais aussi à Bruxelles.

Igit a compris depuis longtemps que le moteur de son projet artistique, et qui lui permet de conserver sa liberté de créer, c'est le public qu'il n'hésite jamais à solliciter. Voire à enregistrer un clip vidéo, avec la chanson de la grande Edith Piaf pour le remercier et lui faire comprendre, qu'il ne regrette rien de ses choix ...

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Igit est actuellement en train d'enregistrer son nouvel album avec Marlon B (déjà aux manettes des précédents albums de Brigitte, ou de Hugh Coltman entre autres). Enfin, son prochain rendez-vous avec la scène à Paris aura lieu à la Maroquinerie le 17 mars 2015 (avec Joe Bel en première partie) avec une tournée en 2015 prévue en France et en Belgique. La billetterie est déja ouverte ICI.

 

Plus d'infos sur : Facebook / Twitter / Youtube 

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