L' EP "Islander" de Bernhoft, chronique de l'album

On vous en a parlé (ICI) sur le blog, ca y est ! Bernhoft a publié un nouvel album "Islander" qui est sorti le 12 mai. D'abord le format : Bernhoft a fait le choix de scinder la sortie de son nouvel album en 2 en France (alors qu'il est déja sorti le 25 avril dans son intégralité en Norvège). Ce n'est donc pas à proprement parler un opus standard avec une douzaine de titres. Le Norvégien le plus connu de la planète nous sert un EP de 4 petits titres, certainement pour nous donner l'eau à la bouche avec son "vrai" album de 11 titres à paraître à la rentrée prochaine.

Ensuite la jaquette de l'album : elle est stylisée et franchement jolie. On y voit uniquement la tête de Jarle Bernhoft emergeant d'un bouillon laiteux entouré de ce qui ressemble à des morceaux de croissants. Les couleurs crème, gris et bleu évoquent la douceur, l'image le quotidien, et le titre une ascension musicale vers des chansons qui sont autant de petits ilôts Soul dont le groove nous invite à bouger notre arrière train (notre booty comme le dit souvent Bernhoft pendant ses concerts). Pour le lancement de cet album, Bernhoft a effectué une très belle prestation au Grand Journal sur Canal Plus, qui a fait danser sur sa chaise la très belle joueuse de tennis Serena Williams.

Bernhoft a su accrocher le coeur du public français avec son album précédent "Solidarity Breaks" en 2011 et une longue tournée en France. On y a découvert un ovni (ce n'est pas tous les jours qu'on croise un musicien multi-instrumentiste Norvégien fondu de musique noire américaine des années 60-70, ancien hard-rockeux qui propose de la Soul music) qui sait très bien manier les guitares, le looper (qu'il maîtrise parfaitement et qui est de loin son arme fatale sur scène), et qui possède surtout une voix reconnaissable de ténor de la Soul à la sauce des années 2000. Avec Islander, Bernhoft semble vouloir transformer l'essai pour rester durablement dans le coeur des Français.

Avec Islander, Bernhoft propose 4 titres très différents dans le rythme et dans le contenu (ce qui laisse présager une variété des titres très attendue sur l'album). Le single "Come Around" est comme une invitation à venir dans son univers Soul, le titre se veut rassembleur et la musique a un coté plutôt pop qui peut toucher tous les publics. La voix haut perché de Bernhoft touche par sa douceur, nous enveloppe comme un cocon et nous attrape comme un chant de sirènes. Avec les paroles, Bernhoft nous demande de monter dans son bateau pour nous laisser porter au fil de l'eau dans son île musicale et oublier nos soucis. Le parallèle est évident avec son pays d'origine la Norvège où il existe des multiples fjords qui sont autant d'invitations au dépaysement, au repos et à la plénitude. Les mots' "Brother" et "Friends"  répétés à l'envi sont aussi une marque d'empathie, une qualité qui le représente assez bien. Une belle introduction pour nous permettre de plonger dans ce nouvel opus.

 

 

"Wind you up" est un titre plus accrocheur, plus remuant avec un tempo très marqué (avec les claps), le wa-wah des guitares, le son enjoué de la flûte traversière (qui est son instrument de prédilection dont il joue sur scène en Norvège)  et un choeur répétitif qui est la signature de cette chanson. Cette chanson est assez proche de ce que sait si bien faire Bernhoft sur l'album "Céramic City Chronicles", une chanson remplie de groove, qui donne envie de danser, pleine de punch et d'energie positive. Le clip assez original, psychédélique, plein d'humour et coloré (ci-dessus) reflète bien ce qui à mon sens est un tube en perspective.

"Chale Skit" nous amène sur ce que Bernhoft propose régulièrement sur scène, les improvisations avec ses instruments. Cette jam session instrumentale de studio nous donne un aperçu de ses talents de multi-instrumentiste notamment à la guitare, aux claviers et à la batterie. Un instant privilégié plus roots, qui nous rappelle que Bernhoft privilégie aussi des sonorités Live pour nous ouvrir autrement à sa musique et nous  faire passer un bon moment.

Enfin, le titre  "I believe all the things you don't" qui a tous les ingrédients d'un slow pour l'été, de la même veine que le titre "Space in my heart". Bernhoft est un champion du monde des chansons qui font fondre les filles tant par l'émotion qu'elles dégagent que par les paroles qui évoquent une rupture sentimentale un poil desespérée. On est touché par la grâce de ce titre qui touche notre coeur de midinette, par l'émotion à fleur de peau qu'il dégage. Bernhoft sait toucher la corde sensible  qui finit dans une espèce d'immensité musicale intersidérale. 

Bref, cet EP Islander (Polydor) est à la fois un très bon conpromis entre ce que l'on connait déjà de la musique de Bernhoft : à la fois sa maîtrise impeccable des boucles de pédales acoustiques, des instruments teintés "old shool" et sa voix soyeuse gorgée de Soul si particulière,  et une ouverture vers un univers, plus organique privilégiant une sonorité Live, avec des titres toujours aussi Groove mais plus funky et optimistes dans leur approche, certainement le résultat réussi de sa collaboration avec le producteur et musicien Paul Butler (qui a travaillé pour Michael Kinawuka et Devendra Banhart notamment). Bernhoft a su trouver la recette acidulée pop et salé groove à la fois pour nous faire fondre et déguster sans retenue son EP Islander, la meilleure façon de patienter jusqu'à la rentrée pour dévorer son nouvel album !

Vous pourrez retrouver Bernhoft en concert le 22 mai au Bataclan à Paris et il sera présent dans différents festivals en Europe cet été.

Plus d'infos sur Bernhoft : Site officiel / Facebook / Twitter

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