nuits de l'alligator

Les Nuits de l’Alligator déçoivent rarement  et sait bien souvent satisfaire  la curiosité du public. C’est toujours l’occasion de découvrir ce qui se fait de mieux sur la scène Indie et internationale, des artistes plein de talent qui feront parler d’eux très bientôt (on le leur souhaite en tout cas) ou de redécouvrir ceux qui s’en reviennent sur le devant de la scène. 

L’affiche 2011 est prometteuse : plus de 10 groupes, 30 soirées, dans 15 villes de France, la 6ème édition des Nuits de l'Alligator propose une programmation aussi eccléctique qu'originale alliant aussi bien la musique Folk, le  Rock ou le Blues et autres joyeusetés artistiques en partenariat avec la Maroquinerie. Cette année, honneur à  Timber Timbre, June & Lula, Michael Rault, Laura Veirs, The Legendary Tigerman, Bloodshot Bill, Caitlin Rose, Dick Annegarn, The 1234, ou encore Youri Blow. En ce 19 février, le blog a choisi d’aller voir Michael Rault et Dick Annegarn.

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 C’est Michael Rault qui essuie les plâtres en ouvrant le concert. Son dernier album s’appelle MA-ME-O enregistré dans son  chez lui à Edmonton. Il a également fait la première partie des concerts de Charlie Winston au Canada l’hiver dernier. C’est un rocker canadien dont le répertoire est ancré dans le rock-garage et le blues années 30 à 50. Il a une certaine gouaille Dylanienne, il joue à fond dans l’esprit sixties en débarquant avec ses cheveux bouclés, ses lunettes noires et sa guitare électrique en bandoulière. Il est accompagné sur scène par sa jeune sœur Emily (au look très fifties elle aussi) aux chœurs, par le bassiste attitré de Charlie Winston, Dani aka Daniel Marsala et surtout à la batterie, MEDI qui s’aventure musicalement en solo maintenant. Les ingrédients sont là pour nous faire passer un moment rock n roll et dansant. J’avais découvert Michael Rault chez Justine, puis en Live au Baron et j’avais déjà été séduite par sa maturité artistique et sa musique. Il confirme mes impressions à la Maroquinerie c et en plus il arrive à faire passer avec son répertoire plutôt  oldies  un son actuel et rafraîchissant.

J’ai particulièrement aimé la chanson « Anna » avec les 3 musiciens faisant les chœurs. Cette chanson me fait penser aux slows qu’on dansait dans les années 70 et sur lesquels les garçons emballaient les jeunes adolescentes de leur école pour la grande soirée de fin d’année. Ce chanteur canadien est plutôt une bonne surprise et nul doute qu’on entendra parler de lui dans les mois à venir. Suivre son actualité sur son MyspaceChangement complet d’ambiance avec l’arrivée de Monsieur Dick Annegarn sur la scène de la Maroquinerie. C'est unfidèle du festival car il en avait fait partie déjà en 2006.

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Ce hollandais, plus parisien que vous et moi, que l’on ne présente plus,  bien connu à l’accent charmant de son pays est surtout connu pour son hit éponyme Bruxelles. J’avais l’image surannée d’un jeune homme blond et longiligne avec ses petites lunettes fines. Se présente devant moi un bonhomme  un peu bedonnant, en sweat shirt à capuche bleue turquoise, avec un sourire aux lèvres et des grosses lunettes en écaille. Le choc est plutôt rude. D’autant plus qu’il vient présenter  quelques titres de son dernier disque sorti début février Folk Talk (c'est tout de même son 19è album) et que le répertoire n’est pas celui qu’on entend habituellement de Dick Annegarn. Cet album de 14 titres semble un véritable retour aux sources de ses influences musicales. 

Folk Talk

C’est avant tout l’idée de son label Tôt ou Tard de lui faire interpréter des standards de la chanson américaine plus ou moins connus (avec le support de Dominique Ledudal & JP Nataf). Cela peut sembler périlleux et risqué de s'attaquer aux chansons de Louis Armstrong, Kurt Cobain, Elvis Presley ou de Ray Charles. D’autant plus que l’on connaît Dick Annegarn pour sa Folk et point pour son coté blues ou rock ‘n’ roll. Armé de sa guitare acoustique sous le bras, collé à son poitrail, Dick Annegarn se moque bien de savoir qu’il va déconcerter son public venu en nombre pour le voir à la Maroquinerie. 

Et c’est une belle surprise ! Avec son coté attachant et goguenard, il prend un malin plaisir à expliquer sur un ton volontairement humoristique le pourquoi des chansons et surtout ce que cela évoque dans son expérience personnelle. Du coup, cela rend ce répertoire plutôt agréable à écouter. On comprend qu’il est en train de faire un petit tour de chauffe avant son concert du Bataclan fin mars. Car les chansons originelles n’ont plus rien à voir avec le phrasé, l’accent et le rythme donnés par Dick Annegarn. Du coup, on a l’impression qu’il dépoussière des monuments musicaux pour les rendre accessibles.

J’ai accepté, comme nombre de personnes dans l’auditoire, de le suivre sur ce chemin osé et du coup ce répertoire de reprises devient presque de nouvelles chansons à la sauce Dick Annegarn qu’on se plait à écouter suspendu à ses lèvres comme des enfants. Sa version de Georgia est à tomber, je pense que Ray Charles aurait été surpris  d’entendre un jour une version comme il l’a faite ce soir là. Il semble déplacer des montagnes d’émotions pour interpréter ces standards du fond de ses tripes avec sa guitare en bandoulière. Il fait ressortir le blues qui l’habite certainement depuis longtemps pour nous filer des bleus au cœur. Il nous offre en cadeau un duo magique avec le chanteur Raphaël qui sort du public pour aller prestement sur scène. Raphaël chausse ses lunettes de vue pour déchiffrer le texte de la chanson que visiblement il n’a pas eu le temps d’apprendre.  La complicité avec Dick est palpable et rend ce duo attachant et plaisant. Il s’attaque avec sensibilité à un titre que Kurt Cobain n’aurait pas renié au niveau de l'interprétation. Ce qui aurait pu être une gageure devient simplement le plus beau des cadeaux musicaux qui m’aura été donné de recevoir d’un artiste en ce début d’année. Bravo Monsieur Annegarn. J’ai été fan, je le suis plus encore ! 

Setlist :

Keep your hands of her guitar
Saint james infirmary
Don t think twice it s alright
Down in the valley
This train
Black girl (in the pines)

Georgia on my mind
Oh what a beautiful city
Motherless Children

Retrouver l'actualité de Dick Annegarn sur son site officiel

Retrouvez les photos du concert : MICHAEL RAULT AUX NUITS ALLIGATOR 2011  / DICK ANNEGARN AUX NUITS ALLIGATOR 2011

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