The Voice, la plus belle voix, saison 4 - Décryptage

Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé regarder les télés crochets à la télévision. Comme tout un chacun, j’ai suivi ceux des deux chaînes M6 et TF1 qui ont toujours mélangé, à mon grand désespoir,  la musique et la téléréalité puis plus récemment D8. C’est rassurant de savoir que de jeunes artistes puissent avoir une chance supplémentaire fut elle minime de faire connaître leur univers et leurs voix et avoir une visibilité suffisante dans l'océan musical français.

C’est également incroyable que certains d’entre eux inconnus jusqu'alors puissent accéder très rapidement au Graal en étant signé par un label, en faisant leur album avec des moyens, de la scène, et mieux encore de rencontrer LEUR public. L’exemple de Julien Doré est suffisamment emblématique pour que je puisse accorder mon attention à ces émissions et ne pas passer à côté de très bons artistes. Cette saison est un peu particulière, car je n’avais pas prévu que des artistes que je suis et que j’admire puissent être candidats à un des télé-crochets les plus suivis de la télévision française aka The Voice.

Quand on écoute régulièrement des artistes de la mouvance Indé et/ou autoproduits, la première réaction est souvent une réaction de rejet comme si participer à ce genre d’émission devait être  décribilisante pour l'artiste qui s'y produit et incompatible avec  l’indépendance des artistes, la liberté artistique et le manque de moyens qui les poussent à s’auto produire. Bref, comme s’il était évident que ces deux mondes ne se rencontrent pas. Où est-il marqué dans la pierre qu'il faut avoir subi des répétitions dans un garage pourri, écumer pendant des années des petites scènes avec 5 personnes dans la salle, et suer sang et eau pour sortir avec 3 francs six sous son EP et obtenir l'agrément de la Profession pour ce parcours semé d'embûches et enfin sortir l'album de l'année avalisé par la blogosphère avide de nouveauté ? Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis. La présence et la position (vis-à-vis de ce télécrochet) de Zazie  démontrent que les esprits changent (et c'est tant mieux), que la nouvelle génération d’artistes est peut-être plus ouverte que la précédente, et n’hésitent absolument plus à se servir de ce moyen comme d’Internet pour se faire connaître, de faire connaître leur musique et surtout de gagner du temps qu’il n’aurait pas eu dans la vie réelle.

The Voice, la plus belle voix, saison 4 - Décryptage

Je connais des blogueurs qui se refusent à regarder l’émission de peur de cautionner des artistes qu'ils n’apprécient pas et qui semblent oublier que la musique se découvre partout et pas seulement dans des petites salles de concert entre soi, pour avoir la primeur de dire et surtout la satisfaction de montrer qu’ils ont été prescripteur d’un artiste avant tout le monde. Le côté sectaire me déplait aussi, dans le fait que certains détiendraient l’oreille ultime et d’autre pas pour finalement être des suiveurs de ce petit cercle qui s’auto-congratule.  Internet et les réseaux sociaux ont changé la donne. La musique reste à la portée de tout le monde pour peu qu’on s’en donne les moyens, le temps voulu, qu’on soit curieux avec la volonté de découvrir de nouveaux univers musicaux. Sa diffusion et son décryptage ne sont pas ce qu’on voudrait nous faire croire la propriété de quelques-uns ou de quelques journaux spécialisés.

Donc en plus d’accepter et de soutenir la participation de ces artistes à l’émission (sans pour autant cautionner certains principes qui consistent à éliminer d’autres artistes sous le couvert d’une compétition sans intérêt que celui de faire de l’audience), j’ai décidé de regarder cette saison 4 du début jusqu’à la fin. Et pour aller au bout de ma démarche, j’ai assisté à l’enregistrement d’une des émissions au mois de décembre dernier. Je désirais soutenir mes 2 amis lors des Battles, et voir comment fonctionnait cette émission de l’intérieur. Après avoir obtenu le sésame pour participer à The Voice, je me rends à Saint Denis au studio de TF1 et j’attends sagement dans la file d’attente. Il fait particulièrement froid ce soir-là. Le public est composé de personnes très différentes, des couples, des amis, des gens qui viennent en famille, de 17 à 77 ans (les très jeunes mineurs ne sont pas acceptés). L’accès aux studios se fait au compte-gouttes, avec un passage par la case Vestiaires assez désagréable. Comme le public est très nombreux (le studio peut contenir 500 personnes), et que la production a du mal à gérer les flux,  j’ai l’impression d’être parquée comme un mouton au milieu d’autres. Comme je n’ai plus mon manteau, je meurs de froid et je suis à deux doigts d’attraper une bronchite tellement l’attente est longue avant d’accéder aux studios.

Une fois à l’intérieur, on est placé. Je découvre un très bel espace (plus petit qu’à la TV), avec une vraie fourmilière entre les caméras et les gens de la production, et bien sur avec les sièges rouges mythiques des coachs. Rémy le chauffeur de salle nous explique le déroulement de l’émission et de l’enregistrement. La première partie est la plus désagréable, et consiste à enregistrer des applaudissements et les lancements des animateurs, à savoir Nikos Aliagas et Karine Ferri. Je découvre un animateur sympathique, très en verve, encore plus bavard (il n’est pas Grec pour rien) qu’à la télévision et qui possède un sens de l’humour très aiguisé. On le sent très en phase avec le public, très professionnel et concentré dans ses lancements. La présence du prompteur est telle que cela engendre des moments d’humour qui décrispent le public. Je trouve que Karine Ferri a plus un rôle de faire-valoir, car non seulement elle est très jolie mais son intervention est très limitée aussi.

Je m’ennuie ferme pendant toute cette partie de l’enregistrement. J’ai l’impression d’une émission décousue sans fin ni début.  J’attends avec beaucoup d’impatience les prestations des artistes. L’arrivée des coachs ne m’intimide pas outre mesure. Je trouve Mika, Florent et Jenifer très à l’aise, assez formatés dans leur rôle de coach avec le discours lui aussi très préparé et moins spontané qu'il n'y paraît quelquefois. J’ai trouvé Zazie un peu à part des autres, peut-être la seule des coachs, très franche dans le discours, qui tente de penser et de faire ressentir avec énormément d’humour que ce qu’elle pense des prestations avec plus ou moins de tact. Je la sens beaucoup plus affectée que les autres  coachs plus habitués au fil des saisons, par le départ des candidats. Personnellement,  c’est également  le départ des candidats qui m’a le plus touché et encore plus quand j’ai apprécié leur prestation.

The Voice, la plus belle voix, saison 4 - Décryptage

Autant dire que j’étais sur les charbons ardents au passage de mes artistes préférés. Celle qui passe la première est face à un poids-lourd de l’émission. Ils envoient de façon complètement différente une très belle chanson assez mythique et déchaîne les passions parmi le public dans le studio. Ce sera le cas entre les coachs qui utilisent le droit de voler un candidat plutôt que de le voir partir de l’émission. A ce moment précis, mon cœur bat tellement vite que je m’entends crier et je réalise que ce genre de suspense joue avec les nerfs (en tout cas les miens) et ceux du public. Je réalise surtout que je me sens partie prenante de ce télé-crochet, qu’on demande au public de manifester son intérêt pour son candidat préféré, et par là même jouer le jeu de l’émission en participant à cette compétition.

D’autant plus que je n’ai rien contre un candidat ou un autre, je suis à la rigueur moins séduite par la voix, l’interprétation ou le fait que certaines compositions sont moins à la portée de leur tessiture ou de leur timbre de voix, quand elles ne correspondent pas à leur univers. Mais je ne suis pas contre eux au détriment d'un autre. Pour le second artiste, c’est tout le contraire qui se produit : il interprète une chanson assez loin de son univers, ne semble pas complètement investi dans son interprétation mais par contre la chante de telle façon que sa voix a une emprise sur vos oreilles, et le reste du corps en vous filant des frissons partout.

Ce genre de duel a pour conséquence de faire sortir des artistes qui ont à mon avis avaient toute leur place dans cette émission. Comme on ne peut pas garder tout le monde (c'est le jeu ma pauvre Luccette), il y a une certaine frustration à les laisser s'évanouir dans la nature après avoir été mis en lumière pendant des semaines.  Je tente de conserver les noms de ce qui m’ont touché en me promettant de les suivre hors cadre de l’émission et surtout de découvrir ce qu’ils ont fait avant de se produire sur la première chaîne. L’émission est très dense, avec un côté auberge espagnole de la chanson,  les artistes abordent des genres musicaux très différents, les choix des coachs ne sont pas toujours les miens, je souffre chaque fois que quelqu’un s’en va, et pour tout dire, sur la fin j’étouffe un peu,  j’ai surtout hâte de sortir du studio et de retrouver mes amis. L’émission se termine très tard, certains candidats sont déjà partis et vu l’heure, je dois retourner chez moi en taxi.

De retour à la maison, je reste très partagée néanmoins je continue de regarder ce télé-crochet avec un œil nouveau. La première émission a eu lieu samedi dernier. J'ai vraiment apprécié l'arrivée de Zazie dans l'émission, elle apporte une fraîcheur et un humour qui ne sont qu'à elle, elle a su décoder très vite les paramètres de ce télécrochet, et surtout elle a su imposer ses choix artistiques au travers de candidats très convoités au nez et à la barbe des autres coachs, de façon assez redoutable. Je me suis replongée dans l'ambiance de l'émission en ayant en tête l'enregistrement de Décembre. Il y a un fabuleux travail de montage, il faut le dire quand on assiste à l'émission et que l'on voit le travail de ces équipes restranscrit à la TV. Chapeau bas aussi aux musiciens qui nous proposent des arrangements séduisants et revisités en  mettant les candidats toujours en valeur.

Bref, un beau démarrage qui a été précédé par une intervention de Nikos Aliagas et des 4 coachs nécessaire et bienvenue, suite aux tragiques attentats arrivés en France. J’ai revu des têtes connues et je me suis un peu déchaîné sur Twitter pour mettre en avant ceux qui m’ont beaucoup séduit, et pour lesquels j’ai un gros coup de cœur. Voici une première liste des candidats que je suivrai avec attention tout au long de cette saison 4 de The Voice, voire pour certains que j'irai voir en concert hors émission avec beaucoup de plaisir et d'impatience.

 

The Voice, la plus belle voix, saison 4 - Décryptage

Team Pagny :

Awa Sy

Cette jeune fille de 20 ans à peine est une petite bombe sur pattes. Non seulement sa voix atteint des aigus de fous mais en plus, elle a la bonne attitude sur scène qui fait qu’elle embarque tout le monde, coach, public et musiciens compris. Reprendre « Mamma Knows Best" de Jessie J. de façon aussi puissante est hallucinant, elle fait aussi bien que l’interprète originale. Awa en veut et ca se voit, elle est portée par le public qui ne s’y trompe pas.  J’aime sa voix enfantine, son energie débordante, sa fraicheur. Une artiste en devenir qui devrait confirmer tout le bien que je pense déjà de sa perfomance.

Vidéo à voir sur ce lien : 

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/la-jeune-awa-reprend-avec-puissance-mama-knows-best-jessie-j-8544671.html

Twitter : @wawalapeche

 

Team Jenifer :

Battista Acquaviva

Cette jeune femme me surprend et étonne tout le monde avec sa voix angélique venant d’un autre temps, qui incarne à la fois la nature (on a l’impression d’entendre le chant d’un oiseau) et un temps révolu (où la musique était considéré comme un chant divin). Elle utilise un instrument de musique baroque, choisit la singularité en interprétant un chant traditionnel corse "Le psaume de David", et à la franchise de dire qu’elle vient sur l’émission pour se faire sa propre opinion. Certains y verront le sosie et le pendant féminin de Luc Arbogast, moi j’y vois une interprète atypique qui vous embarque dans son univers sans trop de difficulté. Ce n’est pas un OVNI, c’est surtout une personne qui a à cœur et la fierté de partager des chants traditionnels trop longtemps cantonnés au folklore des villages. Reste à savoir si elle saura investir d’autres genres musicaux qui sauront me convaincre.

Vidéo à voir sur ce lien : http://www.tf1.fr/the-voice/news/the-voice-4-les-coachs-unanimes-sur-battista-acquaviva-l-ovni-8544978.html

Twitter : @battistaacquavi

 

Team Mika :

Jacques Rivet

Ce jeune homme de 31 ans, dont la taille (d’1m97) est aussi grande que le talent, est très culotté. Choisir la chanson d’un coach est très risqué (voire casse gueule) surtout si le coach en question ne buzze pas. Un chanteur, vêtu d'un pull aux formes géométriques très tendance Stromae,  qui sort de sa zone de confort et qui prend des risques, ça j’aime ! Au premier mot, j’ai les poils du bras qui se dressent instantanément. La fragilité, la sobriété, l’émotion, un poil torturée que met Jacques Rivet dans cette chanson me submergent et me font oublier ce que j’ai entendu avant. Entendre dire Mika « C’est évident » en buzzant me fait penser que je ne suis pas la seule à avoir succombé au charisme de ce jeune homme. Bref, Jacques Rivet est certainement un de mes plus gros coups de cœur de ce prime. Sa voix de baryton impressionne, je devine l'âme du musicien, sa gestuelle minimaliste, ses sourires introvertis laissent pointer un artiste qui ne demande qu’à éclore sous nos yeux. Zazie si elle ne buzze pas, regrette amèrement de ne s’être pas retourné, ce qui est bon signe. C’est clair, Jacques Rivet « envoie valser » nos émotions qu’on ramasse à la petite cuillère. Artiste à suivre.

Vidéo à voir sur ce lien :

http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/jacques-rivet-interprete-j-envoie-valser-zazie-8544672.html

Twitter : @jacques_rivet

 

Team Zazie :

Yoann

Yoann est comme Jacques Rivet, il s’attaque à du lourd, du Jacques Brel dont on a entendu tellement d’interprétations qu’on se dit qu’on a plus rien à découvrir. Et bien si, Yoann nous prouve le contraire en se réappropriant un titre inoubliable de Jacques Brel « Ces Gens Là ». Non seulement, il chante avec une très grande justesse, voire prouesse musicale et théatrale mais il incarne ce qu’il chante. J'ai oublié ses immenses rouflaquettes, son trac visible, je suis restée subjuguée par ses gestes, j’ai entendu comme Zazie chaque mot et chaque virgule, jusqu’au mot final qu’il tient sans coup férir. Je suis restée stupéfaite de le voir arborer à la fin un large sourire, comme si cela avait été facile pour lui. Même pas mal. Jacques Brel aurait aimé cette version, libre, sans a priori, joué et interprété avec force et conviction. On décèle chez Yoann une habitude, une expérience de la scène qu’il met à profit lors de l’émission. Attention à ne pas s’enfermer dans ses réflexes justement qui pourront lasser très vite un public habitué à la nouveauté. Certainement, un des favoris de l'émission. On suivra Yoann dans ses périgrinations Voicesque avec attention.

Vidéo à voir sur ce lien : http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/comme-un-lion-yoann-incarne-avec-passion-ces-gens-la-jacques-brel-8544667.html

Twitter : @yoannlaunay

 

Lilian

Pour le dernier talent, j’ai longtemps hésité entre Suny et Lilian. J’ai été épaté par leurs voix et leurs univers, rock pour l’une et folk pour l’autre. Sauf que Lilian a des avantages qui peuvent se révéler des défauts à la longue. Belle gueule, belle voix, il fait office de provincial de l’étape monté à la Capitale avé l’assent (et habillé comme tel avec son béret) avec son BTS Lait et sa profession agricole (dont les hashtags ont été un temps en tête de la Twittosphère !). Surtout, et c'est bien dommage il semble tout désigné pour être le successeur et sosie du gagnant de la précédente saison. Lui manquera plus que le titre idoine « Vacher » au lieu de « Gitano » … C’est pénible, car il a pour lui d’avoir une superbe voix qui nous retient, son interprétation de Francis Cabrel du titre « Octobre » sait capter l’attention du public, malgré sa timidité. Zazie verse des larmes à la fin, ça sent le pathos à plein nez. Autant dire, qu’il sera porté par un public de midinettes qui se sera lassé de son précédent jouet. Je lui souhaite tout même bonne chance, et vu comme c'est parti, il sera amené à rester longtemps dans l’émission.

Voir la vidéo sur ce lien : http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/avec-sa-version-febrile-de-octobre-francis-cabrel-lilian-emeut-8544669.html

Twitter : @lilian_renaud

 

Suny

Je lui préfère Suny qui vient de Nissa Bella, qui a tous les attributs d’un vilain petit canard : tignasse blonde décolorée, veste militaire à brandebourgs ornés de boutons métalliques à la Jimi Hendrix, jean tellement troué qu’on ne distingue plus le tissu, allure de brindille dégingandée, Suny se fait également remarquer par son envie d’en découdre sur la scène de The Voice. Elle est rockeuse dans l’âme, ca se voit, ca s’entend surtout et elle a les "couilles" de reprendre du Led Zeppelin « Whole Lotta Love » à sa sauce en envoyant comme une tigresse. N’en déplaise à Zazie, on peut être en 2015 et reprendre une chanson de « Vieux » en la rendant très actuelle. Bref, Suny a remis le rock au gout du jour sans être un gros moustachu avec un perfecto signé Hells Angels et des têtes de mort, et ça fait du bien. Elle transmet son plaisir de chanter, d’être sur scène, et dégage une sacrée énergie qui fait plaisir à voir. Bravo Suny, continue comme ça à nous épater !

Voir la vidéo sur ce lien : http://videos.tf1.fr/the-voice/extraits/la-survoltee-et-rockeuse-suny-interprete-whole-lotta-love-led-8544663.html

Twitter : @dreamysuny

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